Questions/Réponses sur les chauves-souris

En préalable, il faut savoir que toutes les espèces de chauves-souris sont protégées au niveau national depuis 1976 par l’article L.411-1 du Code de l’Environnement et par arrêté ministériel du 23 avril 2007, ainsi que son arrêté modificatif du 15 septembre 2012, qui protègent les espèces ainsi que leur habitat de reproduction et d’hibernation. Ces mesures législatives permettent d’assurer une prise en compte de ces espèces menacées et très utiles à notre environnement (elles sont toutes insectivores).

Comment vivent les chauves-souris ?

Leur vie est rythmée par les saisons et est constituée de quatre phases : l’hibernation, le transit printanier, la mise bas et le transit automnal. Elles utilisent un réseau de lieu où s’installer en fonction de la période et de leurs besoins. Les lieux qu’elles occupent, s’appellent des gîtes pour les chauves-souris et non pas des nids comme les oiseaux, car elles ne construisent rien – elles occupent un espace déjà existant.

Au printemps, les chauves-souris sortent de leur torpeur hivernale et commence à sortir de leurs quartiers d’hiver pour aller dans d’autres lieux plus chauds, pour commencer à former des groupes d’individus. Les femelles adultes quant à elles sont gestantes et cherchent un endroit pour se regrouper entre elles et s’occuper de leurs petits.

Au début de l’été, les chiroptères recherchent des endroits obscurs, chauds et tranquilles. Pour la mise bas et l’élevage des jeunes, les femelles se regroupent dans un lieu offrant tout ce qu’il faut pour assurer un maximum de chance à leurs progénitures. Le plus souvent, ceux-ci sont occupés fidèlement années après années, parfois depuis des décennies. Dans les gîtes de reproduction, les femelles vont former des nurseries et mettre bas leur unique petit de l’année, pour s’en occuper jusqu’à son émancipation au mois d’août. A partir de ce moment, les colonies de reproduction commencent à se disperser. En fonction des espèces, les types de gîtes ne sont pas les mêmes : certaines préfèrent les bâtiments et sont dites anthropophiles, d’autres utilisent les arbres (espèces arboricoles) et d’autres préfèrent les grottes et les mines. Dans les bâtiments, elles s’installent souvent dans les toitures des maisons, l’intérieur des combles, sous les planches de lambrissage, derrière un bardage ou des volets.

Arrivée en automne, peu avant d’entrer en phase d’hibernation, les chauves-souris constituent des réserves de graisse qui leur permettront de résister aux rigueurs de l’hiver. Les chauves-souris, isolément ou en essaims, entreprennent des déplacements qui les conduisent vers leurs quartiers d’hiver. En chemin, une activité de regroupement automnal intense est observée dans certains lieux où les mâles et les femelles  vont se retrouver et s’accoupler.

L’hiver, afin d’économiser ses réserves énergétiques, la chauve-souris diminue ses fonctions métaboliques. Elle entre en léthargie : le rythme cardiaque diminue considérablement, la respiration se ralentit (jusqu’à des apnées de 90 minutes) et la chute de la température corporelle est importante. La réactivation du métabolisme en sommeil entraîne une importante dépense d’énergie. C’est pourquoi, le dérangement répété de l’animal en état d’hibernation peut entraîner son épuisement, voire sa mort.

Les chauves-souris à quoi servent-elles ? Pourquoi les protéger ?

Les chauves-souris ont un rôle à jouer dans notre environnement, et pas des moindres !

Ce sont des insectivores très efficaces et chacune des espèces  est plus ou moins spécialisées pour consommer certains groupes d’insectes.

La quantité d’insectes ingurgitée par la chauve-souris peut atteindre une consommation égale à la moitié du poids de son propre corps. Le volume de leur estomac peut contenir le quart de leur propre poids. C’est un véritable insecticide naturel !

Les insectes consommés vont du moucheron, en passant par les moustiques, les papillons, ou les coléoptères…

Une chauve-souris capture plusieurs centaines de proies par nuit, par exemple une seule Pipistrelle (l’une des espèces les plus communes dans nos campagnes) capture jusqu’à 7 moustiques à la minute ! Soit une consommation d’environ 2kg de moustiques par an pour une seule chauve-souris !

Ainsi elles sont de véritables alliées dans la régulation des populations d’insectes notamment certains insectes ravageurs – on parle d’auxiliaires de cultures. A ce jour, on sait même qu’elles sont des témoins de la qualité de nos paysages et de notre environnement. Malheureusement, les populations de chauves-souris souffrent de nombreuses menaces qui pourraient entraîner, à terme, la disparition de certaines espèces (voir la liste rouge des chauves souris). En prenant compte ces faits, il est bien normal que l’ensemble des espèces de chauves-souris soient protégées.

Souris volante ou souris chauve ?

Pourquoi les nomme-t-on ainsi ? La confusion est possible si on ne les regarde pas attentivement : une taille similaire, des poils, des petites oreilles… En réalité, les chauves-souris sont très éloignées des souris ou des rats de part leur anatomie (notamment les ailes) mais aussi de part leur régime alimentaire, les souris et rats sont des rongeurs et les chauves-souris des insectivores. Pour simplifier, une chauve-souris est plus proche du hérisson ! En plus, une souris peut donner naissance à plusieurs dizaines de petits sur la même année contrairement à la chauve-souris qui ne donnera naissance qu’à un seul petit par an.

Mais alors pourquoi « chauve » ?  Alors qu’elles ont toutes des poils !

L’explication viendrait d’une erreur de déformation de leur nom initial donné par les Gaulois qui était « chouette souris », due au fait que ces animaux ressemblant à des souris volaient la nuit. Dans leur langue, la prononciation était « cawa sorix » mais pour les Romains « cawa » n’avait aucune signification mais ressemblait beaucoup au mot « calva » qui veut dire « chauve ». C’est ainsi que le nom « cawa sorix » serait devenu « calva sorix » et aujourd’hui nous continuons à les nommer « chauve-souris » malgré les connaissances actuelles.

Le terme « chiroptère », tiré du grec est aussi utilisé et semble plus adapté pour les nommer, car il veut simplement dire « vole avec les mains ».

Les chauves-souris vont-elles s’accrocher dans mes cheveux ?

Certainement pas ! Cette idée reçue quelque peu farfelue, tient sûrement du fait que lors de belles soirées d’été où nous nous installons dehors, les chauves-souris peuvent passer très près de nous. Ce comportement peut faire penser que les chauves-souris veulent se poser sur notre tête. En réalité, elles ne se préoccupent nullement de nous, et notre tête n’a aucun intérêt pour elles. La seule chose qui explique cette proximité, est simple, notre présence dehors attire les insectes (comme les moustiques) qui attire les chauves-souris ! Le fait qu’elle s’accroche dans les cheveux reste et restera une légende.

J’ai des chauves-souris dans ma toiture, vont-elles dégrader ma maison ?

Les chauves-souris s’installent volontiers dans les maisons et notamment dans l’entre toit (entre les tuiles et la sous couverture), dans le grenier, derrière les volets … Elles affectionnent ces endroits car ils sont le plus souvent chaud, sombre et tranquille. Quand elles s’installent à plusieurs à partir de mai/juin, ce sont sans doute des femelles qui viennent ici pour former une nurserie et élever leur unique petit de l’année. Si c’est le cas, n’ayez pas d’inquiétude elles sont là seulement pour s’occuper de leurs progénitures, elles ne rongent pas les matériaux de votre maison que ce soit les fils électrique, le placo… Elles n’auraient aucun intérêt à dégrader le gîte qu’elles occupent. Il arrive qu’au fil du temps le guano (les crottes) s’accumule et entraîne quelques nuisances, si cela se produit n’hésitez pas à nous contacter, afin de vous conseiller et de trouver des solutions simples pour limiter ces petits problèmes.

Que faire des crottes de chauve-souris ?

Dans les lieux où se regroupent les chauves-souris, leurs crottes (ou guanos) peuvent s’accumuler dans leur gîte et notamment sous leur emplacement d’accroche. Ce désagrément peut s’avérer être en réalité une aubaine ! Les chauves-souris sont des insectivores, et leur guano est un concentré de restes d’insectes très riche en azote, phosphore, et potassium – ce qui fait de ces petites crottes un engrais remarquable. Par rapport  aux autres engrais organique le guano est bien plus puissant, par exemple à titre de comparaison : dans le guano, il y a 12 fois plus d’azote, 10 fois plus de phosphore, et 2 fois plus de potassium que dans le fumier de cheval !

Autre avantage, les déjections ne sont pas humides et sèche très vite, ce qui les rend bien moins dégouttantes …

Pour fertiliser de façon équivalente notre jardin, il faut donc mettre dix fois moins de guano de chauve-souris que d’un autre engrais organique !

Il agit donc directement sur la croissance des plantes, cependant il ne faut pas être trop généreux au risque de voir la plante mourir.

Le guano de chauve-souris devrait être utilisé de préférence comme engrais à apporter au printemps en raison de 50 à 300 g au m2. Un apport en automne peut être réalisé en mélange avec un engrais vert afin d’éviter le lessivage de l’azote durant l’hiver.